Naturellement Vins

Comment êtes-vous devenu vigneron ?

Ce fut d'abord un modeste mais passionnant cheminement gustatif, très empirique, parti du milieu familial de mes jeunes années en Périgord, en passant par mes études universitaires à Tours (découverte du domaine Gaston Huet à Vouvray et bien d'autres !...), en continuant par mes lectures, mes rencontres, mes dégustations, en France et aussi ailleurs! Une grande envie de découvrir, comprendre et assimiler ... à ma façon. Surtout à ma façon ! Lorsqu'un poste dans l'Education Nationale m'a fixé en Corrèze médidionale, il fut plus que temps de passer aux travaux pratiques et de démarrer, ex nihilo, l'aventure du vigneron. C'était en 1996! An de naissance de ma fille Claire ! Des taillis d'abord puis des pieds de vigne!... Premier millésime, 2006 ! Dix ans après !...

Comment définiriez-vous votre métier de vigneron ?

Vigneron en effet car le vigneron est positionné du début (travaux dans le vignes) jusqu'au final de son vin (mise en bouteilles et commercialisation) ! Le vigneron traverse les saisons avec le végétal, dépose le jus des baies dans les barriques et accompagne son vin jusqu'à la mise en bouteille ! Même après, dans le verre de ceux qui le dégustent, le vigneron reste toujours présent ! Extraordinaire destin que celui des vins de terroirs et des vins de vignerons ! Dans le temps et l'espace, du début jusqu'à la fin. Une totalité qui transcende et dont peu de métiers peuvent se prévaloir !

Votre philosophie de travail à la vigne, à la cave ?

La vigne est une plante magique qui crée parmi les plus beaux paysages qui soient, ceux que l'homme a dessinés, en positionnant son travail dans le cadre de la nature. Le vigneron ne peut s'inscrire que dans l'humilité : ne rien demander d'autre à la nature que ce qu'elle peut générer, ne jamais rudoyer les raisins, laisser aux jus le temps de s'étirer en barrique, dans le long voyage de l'affinement. Douceur et patience mais aussi autorité bienveillante, comme dans l'éducation, pour que le vin vive intensément sa vie et exprime toute sa personalité, fruit de la richesse des baies (le terroir !) et de son élevage (la cave et le temps qui passe !) Enfin, mon souci de proposer un vin absolument naturel, vrai, sans aucun artifice, s'entend aussi en m'interdissant l'usage du soufre dans les moûts et les vins. Et depuis 2012, les contre-étiquettes indiquent désormais le taux des sulfites naturels présents dans le vin. Une exception qui ne se reproduira plus : Terres de Paulilles 2012. Là, je ne savais pas où j'allais!

Quelques mots sur votre domaine ?

Terres de Causse est sorti de terre en 1996. Les bois et taillis sont devenus friches, plantations, puis parcellaires. Très lentement, très besognement.

Terres de Paulilles existe depuis le 14 septembre 2012, jour de la première vendange effectuée avec mon fils Pierre. Un très grand moment sous les cieux ardents de la Catalogne!

Au total, un « domaine »  de très petite taille (moins de 2 has), construit petit à petit, en même temps que l'exercice du métier de Conseiller Principal d'Education ! C'est encore vrai aujourd'hui et ce, jusqu'en mars 2016 !

Quelles cuvées allez-vous présenter au Salon des Vignerons « Au Fil du Vin » ?

Terres de Causse : cuvée « Baies Pourpre » 2012, « Baies Dorées » 2012 et « Grappillages »2011.

Terres de Paulilles : cuvée « Terrasses de Cosprons » 2012.

Toutes ces cuvées sont en Vin de France.

Pourquoi nous avoir fait l'honneur et le plaisir de venir au Salon des Vignerons ?

Pour la 3ème fois consécutive, je participe avec joie au Salon des Vignerons « Au Fil du Vin ». Ce rendez-vous est immanquable pour moi tant il me tient à coeur ! En tant que vigneron d'abord et avant tout, au milieu de ces magnifiques vignerons venus d'ailleurs. En tant que « Président-Fondateur » de l'association Naturellement Vins et de ce salon. Au Fil du Vin permet aux vignerons de rencontrer ces amateurs qui, de plus en plus, empruntent les chemins des goûts vrais et sains, à travers les vins de terroirs. Bien loin des aires bétonnées des temples actuels de la consommation de masse où règnent la lumière artificielle, le markéting, l'anonymat, l'apprêt et le factice !

Une maxime, un dicton, un précepte, qui vous guide, qui vous caractérise ?

Lalou Bize Leroy, lors d'un reportage : « Les vieilles vignes, je n'arrache pas ! Y a pas de raison. La vigne, c'est une population... Le vin a le goût de la matière du monde... Domaine d'Auvenay et domaine Leroy : 46 parcelles mais plus jamais de désherbants, fongicides, insecticides, herbicides. Tout ça, c'est un homicide ! C'est des gestes qui tuent ! A ceux qui travaillent avec moi, j'ai su leur donner l'enthousiasme, la transmission de cet amour de la vigne, de la terre, de la vie ! Du respect de la vie, sous toutes ses formes ! C'est peut-être ce que j'ai fait de mieux dans ma vie ! ». Lalou, une très grande dame du vin !...